Ce rapport intitulé « Investigation du signalement de deux cas de cancers à l’école de Ruitz » a été rédigé par deux agents de la Cellule interrégionale d’épidémiologie Nord sous le haut contrôle de l’INVS. Analysé à l’aune de la langue de bois utilisée, il ressemble comme un frère à celui qui avait été réalisé sur le cas de Saint-Cyr l’Ecole et que nous avions sévèrement dénoncé.
Rappelons tout d’abord les faits et leur caractère dramatique. En 2005, était diagnostiqué, chez un enfant de 6 ans, une tumeur cancéreuse au cerveau. Ce diagnostic suscite un vif émoi chez les parents d’élève d’autant qu’en 2004, un enfant de 4 ans, ayant fréquenté la même école maternelle et, au sein de celle-ci, la même salle de classe, est décédé d’un cancer du cerveau. Les investigations rapides menées par les parents d’élèves leur permettront d’apprendre qu’un autre enfant, ayant fréquenté la même école est décédé d’une leucémie. Très vite, l’opérateur (SFR) décide d’interrompre les émissions de ses antennes. Depuis il a d’ailleurs démonté son pylône.
3 cancers chez de jeunes enfants, dans un même lieu suggèrent l’existence d’une cause environnementale commune.
Selon le rapport fourni, il apparaît d’ailleurs que l’on se situe ici bien au-delà des moyennes nationales. En effet, l’enquête dit que la commune compte 304 enfants de moins de 15 ans. Elle demeure discrète sur le nombre d’enfants de moins de 8 ans qui accroîtrait encore la taille de l’agrégat. Mais même en prenant en compte cette définition large de la population enfantine, le différentiel entre la moyenne nationale observée et la situation locale demeure extrêmement élevé : tous cancers confondus, cette moyenne nationale s’élève à 137,5 cas sur 1 million. Ramené à la population enfantine de Ruitz, on obtiendrait une moyenne de 0,04 cas, bien loi donc des trois cas recensés.
La situation de Ruitz rappelle celle qui avait déjà donné lieu à une enquête sanitaire de l’INVS à Saint-Cyr L’Ecole où trois enfants fréquentant un établissement scolaire sur lequle étaient implantées dans antennes-relais de téléphonie mobile, avaient été atteints d’une tumeur du tronc cérébral. L’enquête avait permis, malgré de très fortes défaillances méthodologiques de révéler l’existence d’une concentration anormale de cancers infantiles. Mais l’INVS qui avait exclu d’emblée de ses recherches l’hypothèse des effets des champs électromagnétiques avait conclu au… HASARD !
Dans le rapport concernant Ruitz, les champs électromagnétiques n’ont pas été d’emblée exclus du champ de l’étude. Mais plusieurs phrases attestent de la position a priori des rapporteurs :
p. 7 « Les facteurs de risque des tumeurs cérébrales pédiatriques sont particulièrement mal connus – (ce qui devrait être une incitation à explorer toutes les pistes possibles NDLR). Les seuls facteurs de risque avéré sont des maladies génétiques rares et les rayonnements ionisants. » (les auteurs du rapport pourraient se rappeler que les résultats de plusieurs recherches suggèrent que l’exposition aux rayonnements non ionisants produit des effets comparables à ce que l’on observait avec les rayonnements ionisants. Parmi eux nous citerons les travaux du programme européen REFLEX et plus récemment les travaux de l’équipe israélienne dirigés par J. Friedman NDLR)
p. 8 : « En résumé, les différentes hypothèses actuellement explorées concernant les cancers de l’enfant portent sur des expositions agricoles, le contact avec certains produits chimiques, la profession des parents avant et pendant la grossesse, le tabagisme des parents, un poids de naissance élevé…, et, spécifiquement pour les leucémies, les rayonnements électromagnétiques de très basses fréquences, ELF, et une réponse infectieuse en situation de brassage. » (victimes d’une curieuse amnésie, les auteurs ont oublié que les ondes de la téléphonie mobile sont des ondes extrêmement complexes, au sens où le signal utilisé mobilise aussi bien des hautes fréquences ou micro-ondes que des extrêmement basses fréquences (217 Hz, 8 Hz, 4 Hz....etc) lesquelles sont totalement négligées par les protocoles de mesure actuellement utilisés et que l’on ne peut exclure, a priori, l’effet de ces basses fréquences sur les organismes des enfants, y compris à très faibles doses NDLR)
Se basant sur un mémoire de l’OMS contesté et un rapport de l’AFSSET largement discrédité (rapport de l’IGE et de l’IGAS, décembre 2005), les auteurs concluent, p.9, « il est actuellement peu probable que l’exposition à des radiofréquences de faible intensité induise ou favorise la survenue de cancers. »
Le rapport fait l’impasse sur les avancées scientifiques susceptibles de comprendre les mécanismes en œuvre (A. Vian et al, J. Friedmann et al.…) ou de mesurer les effets sur les populations de l’exposition aux champs électromagnétiques de la téléphonie mobile (enquêtes épidémiologiques sur l’accroissement des risques de plusieurs tumeurs cérébrales lié à un usage durable ou intensif du portable (Hardell et al., résultats nationaux d’Interphone…), enquêtes épidémiologiques menées auprès de riverains d’antennes (Hutter et al. notamment).
Les valeurs mesurées lors d’une remise en exploitation de l’antenne par l’APAVE, mandatée par l’opérateur, étant très basses, elles sont mobilisées pour soutenir la thèse selon laquelle il s’agirait encore une fois d’un hasard. « Ces données indiquent, écrivent les auteurs du rapport, que les enfants fréquentant les deux écoles de Ruitz ne sont pas surexposés aux CEM de type radiofréquence ». Et voilà, la messe est dite : l’antenne n’y est pour rien puisque les mesures de l’APAVE donnent des valeurs d’exposition très basses.. Et comme on ne trouve pas d’autres sources environnementales susceptibles d’être à l’origine de cet agrégat, on conclut « On ne note aucune source collective pouvant générer une surexposition de la population générale à des agents physiques ou chimiques cancérigènes sur la commune de Ruitz »
Le remède à la situation créée : « une information simple et claire » pour calmer les angoisses des parents. Chacun peut apprécier ce que l’argument du hasard évoqué, pour la deuxième fois face à la juste inquiétude des parents, va avoir comme capacité d’apaisement.
Priartem regrette que ces dossiers dramatiques sur lesquels est intervenu l’INVS ne soit pas une incitation pour l’Institut de veille à se pencher plus avant sur les conséquences d’une exposition chronique d’enfants à faible dose. Il s’agit là d’une interrogation de santé publique sérieuse qu’il choisit pour la seconde fois d’occulter.
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