Mercredi 22 mai marque une étape importante dans la mise en œuvre de nouvelles formes de rencontre et de dialogue entre le monde de la science et la société civile. Il est dommage que cette étape ne soit pas aussi celle d’une approche renouvelée de la question sanitaire posée par l’existence d’un cluster potentiellement imputable à une pollution environnementale.
Voyons tout d’abord le côté positif des choses et saluons la venue à Rexpoëde des agences sanitaires. C’est une première qui va dans le sens de l’ouverture nécessaire du dialogue et de la transparence seuls à même de rétablir un climat de confiance que les nombreux scandales de santé publique ont largement entamé.
Le public dans la salle, par son écoute et sa constance, a montré qu’il était sensible à l’effort ainsi consenti.
Janine Le Calvez, après quelques atermoiements des organisateurs, a pu s’exprimer à la tribune au même titre que les représentants de l’ANSES, de l’INVS et de la CIRE. Elle a ainsi pu donner la vision qu’a l’association Priartem de l’état des connaissances scientifiques et des exigences qui en découlent en termes de santé publique. Elle a insisté, notamment, sur la nécessité de protéger tout particulièrement les enfants dont on s’accorde aujourd’hui à reconnaître la vulnérabilité toute particulière, aux effets des radiofréquences.
Les interventions des agences ont fait clairement apparaître le décalage entre les attentes de la société civile vis-à-vis de la veille sanitaire et la position des agences.
Janine Le Calvez, dans son intervention est revenue sur le contenu des présentations des Agences présentes. Elle a ainsi souligné le caractère fermé et rigide des protocoles présentés par l’INVS et la CIRE et a incité les scientifiques à "changer de dogme". Les pollutions environnementales posent des problèmes nouveaux face auxquels les approches traditionnelles sont inopérantes. Il faut donc inventer de nouvelles méthodologies d’analyse pour comprendre, anticiper, gérer. Inventer c’est aussi le rôle de la science. Elle a d’ailleurs signalé que Priartem a demandé à l’ANSES et à l’INVS de comparer les six cas de clusters de cancers infantiles dans des écoles exposées aux rayonnements d’antennes-relais de téléphonie mobile que l’association a recensés.
Les questions dans la salle lors du débat ouvert après les différentes interventions sont largement revenues sur ces différents aspects. Sur la vision figée du cluster tout d’abord : "deux cas ne suffisent pas" selon l’INVS ce qui a provoqué la réaction de la maman du jeune garçon atteint d’un cancer du cerveau : "alors il vous en faut un 3ème ?". Sur l’approche exclusivement statistique loin de l’analyse du terrain ensuite. Un père d’élève a ainsi constaté avec amertume : " au fond pour vous, nos enfants sont des petits ronds ou des petits bâtons que l’on met dans des cases".
Janine Le Calvez a rappelé alors ce que signifiait, pour son association et celle de Rexpoëde Environnement, la demande d’enquête sanitaire. Cette demande était justifiée par l’existence de deux cas de cancers infantiles dans l’école mais portait plus largement sur l’état de santé des enfants fréquentant cette école. L’exposition aux radiofréquences a, sur nos organismes, des effets multiples qui peuvent être à l’origine de pathologies différentes, les cancers n’étant que l’une de celles-ci. Si on ne recherche qu’un effet induit par un facteur déterminé, nous sommes dans une approche où le hasard se trouve élevé au rang d’une catégorie suprême. L’analyse d’une situation sanitaire qui peut être corrélée aux rayonnements des antennes-relais ne doit donc pas se limiter à vérifier, en chambre, si les deux cas de cancer sont similaires ou non ni à se contenter d’un rapport des mesures réalisées dans l’école sans vérifier de façon précise à quel endroit avaient été prises ces mesures. Elle a d’ailleurs rappelé que ce rapport mettait en évidence le fait que le champ rayonné par les antennes d’Orange (commanditaire de la mesure et souvent le principal contributeur) était nul, ce qui pose problème.
Il y a encore un long chemin à parcourir pour que le dialogue entre agences sanitaires et riverains puisse être apaisé. La minimisation des signaux de risque et l’insuffisance de la prise en compte de la question posée ne peuvent contribuer à l’apaiser. Nous ne demandons pas aux agences de dire qu’il faut déplacer les antennes. Nous attendons d’elle un discours clair sur l’état actuel des connaissances et une ouverture sur des approches innovantes.
Sur le premier thème, il ne nous semble pas acceptable de devoir rappeler que l’OMS n’a pas classé comme possiblement cancérigènes pour l’homme les seuls téléphones portables mais bien l’ensemble des radiofréquences. Si les agences de santé publique ne peuvent être tenues responsables des décisions politiques en cours concernant le déploiement de la téléphonie mobile et leurs applications connexes, il n’en demeure pas moins qu’elles ont la responsabilité de la clarté et de la fiabilité de leur discours.
Sur le second point, nous avons noté une ouverture de la représentante de l’INVS. Nous espérons qu’elle sera confirmée. En effet, à une question d’Isabelle Cari, déléguée régionale Nord – Pas-de-Calais de Priartem, le représentant de la Cire a répondu "cela dépendra de la question posée", comme si la veille sanitaire, plutôt que de contribuer à améliorer l’appréhension et la résolution des problèmes posés par une pollution environnementale diffuse et plurielle, devait se contenter de répondre aux questions explicitement posées par la société civile.
En attendant, les trois opérateurs sont toujours sur la cheminée à proximité de l’école. Le Maire se déclarant "toujours pas convaincu". Quand on est dans ce genre de situation doit-on attendre d’être "convaincu". Lui aussi attend-il un 3ème cas ?
Un conseil donc aux parents d’élèves : "Mobilisez-vous"
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