"Lorsqu’à la pollution électromagnétique s’ajoute la pollution chimique : le téléphone portable, un "merveilleux" outil multipolluant"
Article publié par "LE MONDE" le 05.10.2012 par Grégoire Allix
Un mobile peut renfermer jusqu’à 40 éléments contenant des métaux lourds et des polluants organiques persistants. Un mobile peut renfermer jusqu’à 40 éléments contenant des métaux lourds et des polluants organiques persistants. |
Quand nous utilisons nos téléphones mobiles, nous nous collons au visage un concentré de poisons : plomb, brome, chlore, mercure, cadmium... "Chaque téléphone testé contient au moins un de ces produits toxiques dangereux", constate l’Ecology Center. Cette organisation écologiste américaine vient de publier, mercredi 3 octobre, les résultats d’une vaste étude de toxicologie menée sur 36 modèles de téléphones portables mis sur le marché depuis cinq ans par dix constructeurs.
Un mobile peut renfermer jusqu’à 40 éléments contenant des métaux lourds et des polluants organiques persistants. Armés de pinces, de ciseaux et de tournevis, les chercheurs de l’Ecology Center ont intégralement démonté les appareils pour soumettre tous leurs composants – processeur, circuits imprimés, écran, boutons, batteries... – à une analyse par fluorescence de rayons X. Plus de mille échantillons ont été passés au crible, à la recherche de 35 éléments ou substances chimiques.
"La conclusion est que les téléphones mobiles sont toxiques et pleins de produits chimiques à risques, mais qu’ils s’améliorent", résume Jeff Gearhart, directeur de recherches à l’Ecology Center, qui souligne que "même les meilleurs téléphones de notre étude sont porteurs d’un danger chimique".
POLLUANTS DANS L’AIR
Les meilleurs ? Le trio de tête est formé du Motorola Citrus, de l’iPhone 4S d’Apple et du LG Remarq. L’iPhone 5, dernier-né de la marque à la pomme, est cinquième, tandis que son grand rival, le Samsung Galaxy S III, est en 9e position. Apple enregistre ainsi un net progrès de génération en génération : l’iPhone 2G, premier de la série apparu en 2007, est de loin le plus toxique des 36 modèles.
"Les préoccupations des consommateurs amènent les fabricants à dessiner et produire des produits plus sains", estime M. Gearhart, qui se félicite aussi du renforcement des réglementations et des contrôles, notamment en Europe et en Asie. Même avec un forfait illimité, le risque d’ingérer les produits toxiques contenus dans un mobile reste limité, bien que l’usure des composants puisse rendre ces poisons volatils.
Mais ces substances peuvent entraîner des pollutions à chaque étape du cycle de vie du téléphone. Leur extraction suscite des dégradations de l’environnement, parfois des conflits. Les employés des constructeurs sont exposés aux poisons lors du processus de fabrication. Et, surtout, les téléphones rejettent encore trop souvent leurs polluants dans l’air, les sols et les nappes phréatiques une fois jetés à la poubelle.
Une grande partie des téléphones usagés finissent dans des décharges ou sont exportés vers des sites de recyclage informel en Asie. "Ces produits chimiques, qui entraînent des malformations congénitales, des difficultés d’apprentissage et d’autres graves problèmes de santé, ont été retrouvés dans le sol à des niveaux dix à cent fois supérieurs à la normale sur des sites de recyclage en Chine", rappelle Jeff Gearhart.
L’Ecology Center appelle donc à un meilleur encadrement national et international de la gestion des déchets électroniques.
Grégoire Allix
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