Paris, le 30 mars 2011

Messieurs,

C’est avec un étonnement certain que nous avons découvert que l’Observatoire Régional de Santé de l’Ile de France que vous présidez organisait une soirée d’information sur le thème des rayonnements non ionisants et de la santé en partenariat avec la Société Française de RadioProtection à destination des médecins, le 2 avril 2011.

Alors que des missions se succèdent pour demander que, partout où règne la controverse scientifique, soit pris en compte l’ensemble des positions y compris les plus minoritaires, l’ORS a opté, en choisissant un tel partenariat, de ne donner la parole qu’à une des parties, celle du déni de risque.

Les rayonnements non ionisants rassemblent les extrêmement basses fréquences du courant électrique aussi bien que les radiofréquences utilisées, notamment par la téléphonie mobile et le WiFi. Dans les deux cas, l’OMS a classé les ondes émises comme possiblement cancérigènes. Pourtant, dans les deux cas, depuis des années, une partie des scientifiques tente de museler les paroles discordantes ou, lorsque ceci n’est plus possible, de brouiller le message en arguant, comme ce fut le cas dans d’autres scandales sanitaires, que les preuves sont insuffisamment établies.

Cette position est d’autant plus problématique, en termes de santé publique, que l’exposition aux rayonnements non ionisants concerne la quasi totalité de la population, ce qui peut en faire, dans les années ou décennies à venir, le plus grave problème sanitaire.

Il est donc important que l’information des médecins soit complète et qu’elle inclue, sans les tronquer, les éléments de la controverse scientifique actuelle. Le programme de la soirée organisée par l’institution que vous présidez ne correspond pas à cette nécessaire pluralité des expressions et points de vue scientifiques.

Pourquoi l’ORS, organisme public, a-t-il choisi de travailler avec un organisme privé, plutôt que de faire appel à l’ANSES, Agence d’expertise publique. ? La question se pose d’autant plus que la SFRP n’apparaît pas vraiment comme un organisme ouvert et pluraliste. Ses partenaires historiques sont les grands industriels du secteur des rayonnements ionisants, EDF et AREVA en tête. La section des rayonnements non ionisants est totalement dominée par les membres venant directement de l’industrie ou de laboratoires qui travaillent depuis longtemps avec les industriels.

Nous avons pendant des années dénoncé la mainmise de l’expertise par certains d’entre eux. De gros progrès ont été faits qui ont permis d’ouvrir l’expertise au débat contradictoire. Nous sommes convaincus que vous aurez à cœur de faire bénéficier aussi l’organisme que vous présidez de ces progrès qui seuls sont à même de rétablir la confiance des citoyens dans la parole scientifique, de donner au monde de la médecine les moyens de mieux gérer les souffrances qui s’expriment déjà et de mieux prévenir les risques du futur.

Dans l’attente d’assurances sur ces questions de votre part et d’une clarification sur cette session d’information du 2 avril, nous vous prions de croire, Messieurs, à l’assurance de notre plus parfaite considération.

Pour Priartem, sa Présidente, Janine Le Calvez

Programme soirée