Monsieur Vincent Peillon Ministre de l’Education Nationale Madame George Pau-Langevin Ministre déléguée à la réussite éducative
Monsieur le Ministre, Madame la Ministre,
Notre association est de plus en plus souvent interpellée par des parents d’élèves de maternelle que les enseignants veulent former à l’usage de tablettes tactiles interactives.
Nous n’interviendrons pas auprès de vous sur les questions pédagogiques et éducatives posées par ce type d’usage précoce, d’autres l’ont fait beaucoup mieux que nous (lire notamment la Tribune diffusée dans le Monde du 8 février 2013, intitulée « Laisser les enfants devant les écrans est préjudiciable » et signée par 64 universitaires spécialistes de neurosciences cognitives, de psychologie sociale, clinique, cognitive, de l’éducation…). Nous souhaitons poser un problème jusque là non développé, celui de l’exposition aux radiofréquences de type WiFi générés par ces tablettes au sein d’une classe lorsque l’on veut travailler en interactivité.
Les ondes ainsi produites contribuent à accroître le brouillard électromagnétique dans lequel nous baignons tous et auquel sont confrontés de façon de plus en plus précoce les organismes des enfants. Même si nous sommes loin de tout savoir sur les effets des radiofréquences sur la santé – les réponses arriveront dans 20 ou 25 ans au mieux - des signaux d’alerte s’accumulent, montrant leurs effets sur nos organismes, notamment la possibilité d’effets cancérigènes. L’OMS a d’ailleurs classé en mai 2011 les radiofréquences comme possiblement cancérigènes pour l’homme ; par ailleurs l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’environnement et du travail – AFSSET-ANSES devenue depuis ANSES – a recommandé dans l’avis qu’elle a rendu le 15 octobre 2009 de réduire les expositions du public.
Parmi les sujets qui font consensus dans ce dossier, l’un doit vous interpeller directement car il s’agit de la reconnaissance unanime de la vulnérabilité toute particulière des enfants à ces expositions. Le précédent gouvernement avait d’ailleurs pris des dispositions législatives pour protéger la population enfantine. La Loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement stipulait dans son article 183 : « La distribution à titre onéreux ou gratuit d’objets contenant un équipement radioélectrique dont l’usage est spécifiquement dédié aux enfants de moins de six ans peut être interdite par arrêté du ministre chargé de la santé, afin de limiter l’exposition excessive des enfants. » Hélas, cela n’a jamais été concrétisé.
Les tablettes numériques sont des équipements radioélectriques. En favorisant leur usage dans les classes de petite section et en encourageant les enseignants à les intégrer dans leurs pratiques pédagogiques, non seulement on ne vise pas à « limiter l’exposition excessive des enfants », mais encore on contribue directement à l’augmenter.
En effet, pour réduire les expositions, il convient tout d’abord de limiter les sources d’exposition et les temps d’exposition. L’école doit, en ce domaine, demeurer un lieu protégé. En introduisant ce type d’outils dans les écoles maternelles, on favorise une exposition précoce de milliers d’enfants alors qu’elle peut être évitée par la mise en place de connexions filaires. Encore faudrait-il s’assurer de l’intérêt de cet outil dans les classes maternelles et primaires.
Pour vous convaincre des risques que l’on fait ainsi peser sur la santé des très jeunes enfants, nous joignons à ce courrier la lettre que vient d’adresser une scientifique américaine, chercheur en neuroscience et spécialiste reconnue internationalement de l’autisme, à un district scolaire californien lui demandant de revenir sur la décision d’installer le WiFi dans l’ensemble des établissement de son ressort. Avant même cet appel, de nombreuses écoles, en Angleterre notamment, ont opté pour la désactivation du WiFi. En juin 2012, le Comité National Russe de Protection contre les rayonnements non ionisants (RNCNIRP) jugeait nécessaire que le Ministère de la Santé et d’autres organisations, responsables de la sécurité de la population (y compris les enfants), doit prêter attention à la réglementation de l’utilisation de la connexion Wi-Fi dans les écoles maternelles et primaires ; au renforcement du contrôle sanitaire de l’usage du Wi-Fi et au développement d’une instance de régulation appropriée.
Nous adressons parallèlement à ce courrier une demande à l’ANSES sur l’évaluation qu’elle peut faire aujourd’hui de l’opportunité de l’usage de ces équipements radioélectriques dans les classes, et tout particulièrement dans les classes de maternelle.
Nous sommes conscients que la gestion des locaux et moyens scolaires ne relève pas de votre responsabilité. La responsabilité pédagogique et éducative, si. C’est pourquoi nous vous demandons, au titre de cette responsabilité, d’organiser un débat sur cette question de société, qui prenne en compte l’ensemble des dimensions de la question, dont celle qui concerne la santé publique.
Dans l’attente de ce débat, nous vous demandons d’attirer l’attention des enseignants sur les problèmes que nous venons de vous exposer afin de les appeler à la plus grande prudence. Nous souhaitons que vous puissiez nous recevoir afin de vous apporter toutes les précisions sur ce dossier.
En vous remerciant d’avance de la prise en compte de notre demande, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, Madame la Ministre déléguée à la réussite éducative, à l’assurance de ma parfaite considération.
Pour Priartem, Janine Le Calvez
Pièces jointes :
lettre du Docteur Martha R Herbert
Demande de saisine ANSES
Copie de la présente à :
Madame la Ministre de la santé
Monsieur le Directeur Général de l’ANSES
Monsieur le Secrétaire Général du SNUipp-FSU
Monsieur le Secrétaire Général du SGEN-CFDT
Monsieur le Secrétaire Général du SNUDI-FO
Monsieur le Secrétaire Général de UNSA EDUCATION
Monsieur le Secrétaire Général de SUD EDUCATION
Monsieur le Secrétaire Général de la CGT UNSEN
Monsieur le Président de la FCPE
Madame la Présidente de la PEEP
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